Pour la première fois depuis la descente de l’Atlantique Sud, le skipper Charal a fait une route différente de son confrère d’Holcim-PRB. Dans la périlleuse remontée de l’Atlantique, Jérémie a décidé de faire une route plus à l’ouest, plus proche des côtes, quand ses concurrents directs dont Nicolas ont préféré faire de l’est. Une stratégie audacieuse qui permet au marin de tirer son épingle du jeu : ce lundi matin au pointage de 9 heures, Jérémie était remonté à la 5e place. En attendant, Nicolas Lunven revient sur leur incroyable duo.
« Avec Jérémie, ça commence à faire un moment qu’on ne se lâche plus ! » Samedi matin, lors des vacations, Nicolas Lunven a pris le temps de revenir sur l’incroyable scénario qui l’a lié au skipper Charal dans ce Vendée Globe. « On est ensemble depuis qu’on a longé les côtes brésiliennes lors de la descente de l’Atlantique, une quinzaine de jours après le départ, raconte le skipper d’Holcim-PRB. Nous nous sommes vus avec l’AIS*, on s’est parlé à la VHF… Finalement, on a fait le tour de la planète ensemble ! »
« Le vent est tellement imprévisible »
Le fait que ces deux skippers expérimentés et talentueux soient au coude-à-coude, cela contribue à rester toujours sous pression et de tout donner. « Ça permet de ne jamais se relâcher, d’avoir toujours une intensité élevée », précise Nicolas. Ensemble, ils se sont aussi accrochés quand les enchaînements météorologiques ont été moins propices à leur progression. Là où les deux leaders s’échappaient, eux ont souvent dû faire face à une météo plus chaotique. C’est encore le cas en ce moment : alors que les deux premiers ont eu une zone de vent calme avant d’atteindre les alizés, le groupe de Jérémie et Nicolas doit composer avec des grains, des changements de vent multiples, une mer croisée…
« Le vent est tellement imprévisible, les rafales si puissantes qu’on est obligé d’en garder un peu sous le pied pour ne pas faire de bêtise », précise Nicolas. Comme Jérémie, il considère que « l’océan Indien n’a pas été simple, le Pacifique compliqué et que la remontée de l’Atlantique est plus complexe que prévu » à cause notamment du centre dépressionnaire et des orages. Dans de telles conditions, tous les skippers autour de Jérémie, de Thomas Ruyant (4e) à Justine Mettraux (10e) doivent composer avec des avaries, des problèmes techniques sur des bateaux usés.
C’est aussi le cas pour Jérémie qui tente de profiter de l’actuelle zone de transition pour prendre l’avantage sur ses concurrents. Il a en effet décidé de faire une route plus Ouest afin de se rapprocher des côtes et contourner un endroit sans vent. « Ce sont des zones très instables où il faut peu de choses pour créer des écarts, expliquait hier Christian Dumard, météorologue. La route de Jérémie est audacieuse mais ça peut payer ! » Et c’est le cas puisque ce lundi matin, il a réussi à prendre les commandes du groupe des poursuivants, revenant à la 5e place. Alors que débute la 9e semaine de course, il y a une certitude : le skipper Charal n’a pas perdu sa motivation et son envie de tout donner !
*AIS : Système qui permet de voir les informations (position, cap, vitesse) des bateaux proches