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06 Nov

« Objectif : repartir en mer pour fiabiliser le bateau »

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L’IMOCA60 Charal est sur le chemin du retour à Lorient, guidé par un remorqueur. Il devrait rallier son port d’attache dans la nuit de mardi. Pour Jérémie Beyou, qui ne sait pas encore s’il repartira achever sa Route du Rhum, la déception sportive est grande mais l’essentiel est que le skipper et son bateau soient en sécurité.

Jérémie, j’imagine que la déception est grande que de devoir repasser par Lorient en raison d’une casse matérielle…
Jérémie Beyou : « Je suis forcément déçu, c’est énormément de boulot sur 18 mois. On savait très bien qu’il y aurait des petites choses qui n’iraient pas, mais se heurter à une casse sur une pièce cruciale pour le bateau, puisqu’on ne peut pas diriger le bateau sans système de barre … La course au large est un sport mécanique, on sait que ça peut arriver à n’importe quel moment, mais la déception est là, oui…

Vous étiez en train de réaliser un beau début de course, pourtant…
J. B. : C’est d’autant plus décevant ! Je sentais qu’il y avait quelque chose à faire sur cette Route du Rhum, avec ce joli début de course. J’ai pris un bon départ, j’étais même en tête à la pointe Bretagne et, si je me suis fait coincer dans la pétole comme Yann (Eliès), j’arrivais à réguler mon allure sur celle de Vincent Riou (2e au classement de midi, ndlr). Même quand j’accusais un peu de retard, j’arrivais bien à remettre de la vitesse pour recoller, c’était très encourageant.

Qu’est-ce qu’il se passait sur l’eau au moment où le système de safran a lâché ?
J. B. : C’était maniable, la mer était encore praticable, et j’avançais sous-toilé dans 25 à 30 nœuds de vent. D’un coup, le bateau est parti en toupie. Il y a aussi quelques dommages collatéraux provoqués par le mouvement du bateau, sur des pièces d’accastillage ou les voiles. J’ai bien dû mettre trois heures à comprendre la source du problème. Heureusement que ce n’est pas arrivé au cœur de la grosse dépression, d’ailleurs, parce que dans 5 mètres de mer et 40 nœuds de vent, la situation aurait été encore plus compliquée.

Comment l’équipe a-t-elle organisé votre remorquage ?
J. B. : Trois équipiers de Charal Sailing Team sont montés sur le remorqueur, avec trois membres d’équipage, et Pifou (Pierre-François Dargnies, le directeur technique) a embarqué un semi-rigide. Ils sont vite arrivés sur zone, ils ont mis le semi-rigide à l’eau, en pleine mer, pour me rejoindre. Entre l’arrivée sur zone, le transbordement et la mise en remorque, il ne s’est pas passé une heure, ça a été super efficace !

La prochaine étape, c’est le retour à Lorient ?
J. B. : Oui, et ce n’est pas gagné, parce que la dépression est en train d’arriver. Elle est prévue pour la fin d’après-midi, et on va arriver dans la nuit. Il faut trouver une solution pour faire entrer Charal dans le port sans avoir de système de safran, donc sans pouvoir guider le bateau. La priorité des priorités, c’est de rapporter le bateau en un seul morceau.

Vous pensez pouvoir repartir en mode course ?
J. B. : La certitude, c’est qu’il faut qu’on navigue, encore et encore, avec Charal, pour l’éprouver et le fiabiliser. On va trouver la solution pour réparer le système et les dommages collatéraux, remettre le bateau en configuration navigation, et retourner sur l’eau. Dans le cadre de la Route du Rhum ou pas ? On ne sait pas encore. Tout dépendra du temps nécessaire à la réparation et des conditions météo ».