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14 Juin

La performance physique pour un marin de haut niveau

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De retour à Lorient, Jérémie Beyou poursuit sa préparation pour la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Avec Stéphane Eliot, le préparateur physique avec lequel il travaille depuis 5 ans, le skipper de Charal supporte, endure, mais progresse physiquement. Ses objectifs : exceller en endurance et en résistance pour être à la hauteur de son bateau, qui sera mis à l’eau dans deux mois.

 

Quel objectif Jérémie Beyou et vous avez-vous fixé ?

Stéphane Eliot : « L’ambition n’est pas de faire de Jérémie une bête de course : il est déjà à ce stade de préparation. Avec l’entraînement physique qu’il a suivi pour courir la Volvo Ocean Race, il est déjà prêt en termes de musculation. Nous ne toucherons pas une haltère avant début août. Jusqu’au départ de Saint-Malo (le 4 novembre), nous allons travailler son endurance fondamentale. Jérémie va reprendre le vélo, et il aime ça. Nous allons également travailler le gainage et la proprioception, ce qui induit une grosse sollicitation de la musculature profonde et des articulations, notamment pour prévenir le corps des risques de blessure en mer.

 

 

Comment travaille-t-on la proprioception1 ?

S. E. : Nous utilisons des accessoires comme les planches d’équilibre, des plateaux par exemple en fermant les yeux. Le but est de mettre Jérémie dans des situations similaires à celles qu’il va rencontrer en mer, dans un monde instable qui sollicite l’équilibre en permanence, autant de jour que de nuit. Je lance des poids, des ballons, à Jérémie, en équilibre sur une planche, qui doit alors réagir sans perdre l’équilibre. L’objectif : concentration et sollicitation des gros muscles, notamment ceux de la colonne vertébrale.

 

Les jambes sont-elles l’objet d’un travail spécifique ?

S. E. : Sur la Route du Rhum, il va gagner de la masse musculaire en haut, ou au moins se maintenir, mais il va en perdre en bas. En amont, nous allons travailler les muscles profonds des jambes, les ligaments et les tendons, et ces derniers ne seront pas amoindris pendant la course. Jérémie va perdre un peu des muscles superficiels, mais ce n’est pas bien grave.

A quoi ressemble le planning de préparation physique de Jérémie ?

S. E. : C’est celui d’un sportif de haut niveau. Le bateau sera ultra-performant, il faut que le skipper le soit aussi. Nous travaillons quatre fois une heure et demie chaque semaine quand il ne navigue pas, une à deux fois en période de navigation. Je prends soin de varier les exercices en passant par la boxe, le tirage de sacs, la proprioception et le gainage, les élastiques, les escaliers… Même s’il adore faire du sport et s’il supporte, il faut prendre soin de varier les… plaisirs.

 

Quelles sont ses forces, à trois mois de la Route du Rhum ?

S. E. : D’abord, il y a son mental. Jérémie aime travailler, il aime se confronter à ce qui est dur. Pour moi, c’est très valorisant de travailler avec quelqu’un comme lui. Physiquement, ses points forts sont sa puissance de bras et du dos, comme beaucoup de marins. Son endurance est aussi assez remarquable. De la même manière, son point faible reste ses jambes ; nous avons encore de l’ouvrage ».

(1)  Proprioception : avoir conscience de la position des différentes parties de son corps.