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21 Oct

Charal, volons fort !

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Ils seront cinq nouveaux IMOCA au départ de la Transat Jacques Vabre le 27 octobre, dont Charal de Jérémie Beyou. Quelles sont les spécificités respectives de ces monocoques, dessinés par des architectes différents ? Eléments de réponse…

Mis à l’eau le 21 août 2018, l’IMOCA Charal aura été le premier d’une nouvelle génération, qui aura marqué une rupture nette avec la précédente, construite pour le Vendée Globe 2016. Car à l’époque, même s’ils le subodoraient, les architectes n’étaient pas encore certains que le concept des foils, développé jusqu’ici surtout sur des multicoques, allait marcher sur des monocoques océaniques de 18,28 mètres.

Le Vendée Globe 2016 ayant validé le concept, qui permet de sustenter le bateau en appui sur les foils, voire de le faire voler dans certaines conditions, l’approche pour la nouvelle génération a été radicalement différente : « On a alors intégré le fait que les futurs IMOCA seraient des foilers et non des bateaux à foils, ce qui signifie que le foil est devenu l’élément primordial dans la démarche architecturale », confirme Quentin Lucet, en charge du projet Charal au sein du cabinet VPLP, qui ajoute : « Ce qui est intéressant, c’est que ce concept a donné lieu à des interprétations différentes selon les architectes. » Car si l’association entre VPLP et Guillaume Verdier avait eu le monopole des bateaux construits pour le Vendée Globe 2016, le gâteau a été davantage partagé sur la génération suivante : VPLP a ainsi dessiné Charal, Hugo Boss (Alex Thomson), Guillaume Verdier Apivia (Charlie Dalin) et Advens for Cybersecurity (Thomas Ruyant), tandis que se sont invités à la fête Juan Kouyoumndjian (Arkéa-Paprec pour Sébastien Simon et le futur Corum de Nicolas Troussel) et Sam Manuard (le futur L’Occitane pour Armel Tripon).

D’où des choix différents en fonction des cahiers des charges des équipes et des partis pris architecturaux. Du côté du Charal Sailing Team, la priorité a été de mettre à l’eau dès l’été 2018, un an avant les autres, et de dessiner un bateau capable de performer sur le Vendée Globe, l’objectif prioritaire du projet, mais aussi sur les autres courses des Imoca Globe Series. « Nous avons voulu un bateau configuré pour naviguer à des vitesses élevées à toutes les allures, confirme Pierre-François Dargnies, le directeur technique. Aujourd’hui, Charal soutient la comparaison avec les bateaux à dérives au près, il est probablement le plus rapide au reaching (vent de travers), et, du fait de notre année d’avance et donc de toute l’expérience accumulée depuis la mise à l’eau, nous sommes au moins aussi rapides au portant que les derniers bateaux mis à l’eau. »

Concrètement, comment se manifestent ces différences dans le design ? « Notre philosophie, c’est d’avoir des foils profonds pour voler davantage au-dessus de la mer, alors que les foils de nos concurrents le sont moins, ce qui veut dire qu’ils volent moins haut, mais misent plus sur la portance de leur carène, plus large que la nôtre. On a un bateau plus volant », estime Pierre-François Dargnies. Quentin Lucet abonde : « Notre ligne directrice a été de tout miser sur le foil pour générer de la puissance et faire en sorte que la coque traîne le moins possible ». Et l’architecte d’ajouter : « Guillaume Verdier a plus insisté sur la puissance de carène au détriment de la traînée, Juan Kouyoumdjian a dessiné une surface plane à l’arrière, en misant sur le fait qu’elle allait permettre de générer un appui qui n’existe pas sur les IMOCA, parce que les plans porteurs sur les safrans sont interdits, et donc de stabiliser davantage le bateau. »

Pour l’instant, si les résultats de Charal cette année (victoires sur la Rolex Fastnet Race et le Défi Azimut) sont très encourageants, la Transat Jacques Vabre apportera sans doute de riches enseignements sur ces différentes options architecturales, d’autant que son parcours est celui du début de Vendée Globe. Une chose est certaine, Charal aura été assez précurseur dans le domaine : « On l’a été parce qu’on a montré qu’il était possible de tout miser sur les foils, on a en quelque sorte suivi la voie tracée par les trimarans Ultim, vers le vol. Certains ont décidé d’aller moins loin que nous, d’autres plus loin, comme Hugo Boss… », conclut Pierre-François Dargnies.