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31 Oct

Charal face à ses pairs

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Mis à l’eau il y a deux mois, l’IMOCA60 Charal, le plus évolué de la classe, va faire face à une concurrence talentueuse, rôdée et expérimentée. Revue des troupes.

L’édition des quarante ans de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe connaît un tel succès que 123 bateaux vont prendre le départ dimanche, à 14 heures, depuis Saint-Malo, direction Pointe-à-Pitre. En attendant le moment du départ, une foule immense se presse sur les quais malouins pour découvrir ces bateaux plus ou moins récentes, à une, deux ou trois coques, parmi lesquelles Charal est un bijou à part. Dernier-né de la flotte, il est aussi le plus en rupture avec ce qui s’est fait jusqu’à présent dans les classes monocoques.

Justement, dans quelle catégorie court Charal, et avec qui Jérémie Beyou va-t-il faire le match ? Charal est un IMOCA60, la classe des seuls monocoques habilités à prendre le départ du Vendée Globe, à l’inverse de la Route du Rhum qui accueille six catégories. Les IMOCA60 sont encadrés par un ensemble de règles de construction à la fois très contraignant et rigoureux dans le cadre global de construction, et ouvert à la recherche sur les détails. Ce qu’on appelle une « classe Open ». Classe pour le cadre, l’esprit famille, open pour la recherche et le développement.

 

En résumé

Les IMOCA font 60 pieds de long, soit 18,28m, leur largeur maximale autorisée est de 5,85m, le tirant d’eau (ce qui est sous l’eau) doit être de 4,50m maximum et le tirant d’air (ce qui part de la surface de l’eau) est établi à 29m, coque et mât compris.

Les premiers Open60 datent de 1986 et, depuis, il s’est passé bien des choses en termes de développement technologique. Un développement dont Charal porte aujourd’hui le leadership puisqu’il est le dernier-né de la flotte.

 

Les foils, l’arme fatale

Les foils sont des appendices courbes qui remplacent les traditionnelles dérives droites sur la majorité des bateaux récents, et qui permettent d’exploiter les lois de la physique et de porter vers le haut le poids du bateau. Cela permet de réduire le volume de coque immergée et donc freinée par le contact avec l’eau, et cela facilite la prise de vitesse…

La moitié de la flotte a équipé son bateau de foils, l’autre moitié reste équipée de dérives droites. Le gain de vitesse est tel que les foilers sont légitimement favoris, mais il ne faudrait pas oublier, parmi les potentiels vainqueurs, Paul Meilhat, skipper de SMA, le bateau vainqueur du Vendée Globe 2012-2013 avec François Gabart. Ce monocoque avait un temps d’avance sur la globalité de la flotte à l’époque, et le travail qui a été réalisé dans les années suivantes a permis de le préserver parmi les plus sérieux des concurrents.

 

]20 IMOCA60, 10 paires de foils

Mais regardons du côté des foilers la concurrence de Jérémie Beyou. On peut séparer les 10 foilers en deux classes : les bateaux conçus pour (sup)porter des foils et ceux qui ont été adaptés. Vincent Riou a ajouté des foils sur son PRB réputé très léger et très véloce, et le vainqueur du Vendée Globe 2004-2005, très fin technicien, est un rival des plus sérieux, comme Yann Eliès, triple vainqueur de la Solitaire du Figaro, tout comme Sam Davies, exceptionnelle navigatrice qui a terminé 4e du Vendée Globe 2008-2009. Alex Thomson, lui, est propriétaire d’un IMOCA conçu pour porter des foils, et il s’en est fallu de peu qu’il remporte le Vendée Globe il y a deux ans. Il est sans doute l’un des plus sérieux prétendants à la victoire, un des principaux adversaires de Jérémie Beyou et du reste de la flotte.

Bon, et les autres foilers ? Aux commandes de Bureau Vallée, l’ex Banque-Populaire vainqueur du Vendée Globe 2016-2017, Louis Burton est un outsider de poids. Tout juste peut-on le placer un principe cran au-dessous sur un principe immuable dans la voile : rien ne vaut un tandem homme-bateau parfaitement en osmose. Et cette osmose s’acquiert à force d’entraînement et d’expérience. C’est peut-être ce qui manque à Jérémie et son bateau, mis à l’eau il y a seulement 2 mois, pour ce match qui promet d’être un des plus beaux de l’histoire de la Route du Rhum. Mais on connaît Jérémie, il reste un compétiteur, la course nous racontera l’histoire…

 

Copyright photos : Alexis Courcoux / RDR2018 et Yvan Zedda/ AleA / Charal Sailing Team